Filmer avec son appareil photo

A l’heure où les appareils photo reflex se démocratisent à vitesse grand V, une tendance émerge : ces derniers servent de plus en plus à tourner des films souvent dignes des professionnels. Explications…

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« L’avenir du cinéma se filme en reflex. » C’est Canon, fabricant d’appareils photo parmi les plus plébiscités par les experts de l’image, qui le dit, et pour une fois, l’habituelle hyperbole de la com est justifiée. Après la télévision (de “Dr House” et “24 h chrono” aux Etats-Unis à “Zone interdite”, “Nouvelle star” ou “Fourchette et sac à dos” ici), le cinéma commence à franchir le pas de la réalisation au reflex. Cédric Klapisch a notamment tourné plusieurs scènes de son prochain film “Ma part du gâteau” avec un reflex Canon, et Quentin Dupieux a entièrement filmé son dernier long-métrage, “Rubber” (en salle le 10 novembre), avec un appareil photo similaire. Côté fabricants, Canon n’est pas le seul à proposer des appareils avec ces capacités. Nikon s’y met également avec son D3100 (environ 600 euros), doté d’une très pratique mise au point automatique permanente lorsqu’on tourne en HD, et Panasonic s’apprête à sortir le AG-AF101 (prix non communiqué), un hybride entre caméra pro et reflex qui fait déjà saliver les experts. En attendant, le GH2 de la même marque (environ 1 000 euros) fait très bien l’affaire face aux reflex de Canon et de Nikon.

Pourquoi tant d’excitation ? Principalement parce que l’appareil photo reflex est plus abordable et facilement transportable que les caméras pro, tout en donnant un résultat comparable. D’après le réalisateur vidéo Philippe Rouget (Arte, Canal+, France 3), mordu de tournages en reflex, la tendance se confirme avec l’adoption croissante de ces appareils par « des amateurs avertis qui veulent se rapprocher d’une texture film. »
Pour lui, ce sont justement les exigences de ces appareils qui poussent leurs utilisateurs vers un résultat digne du grand écran : « Le reflex induit une façon de filmer beaucoup plus soigneuse qu’avec la caméra vidéo classique. Il faut être plus doux dans ses mouvements et préparer ses plans à l’avance, car la mise au point et le maniement ne sont pas aisés. Tout cela oblige les amateurs à avoir davantage une approche de cinéaste. »

Il n’est pas évident de tourner comme un pro du premier coup, c’est certain ! Avec le Canon 550D (environ 1 200 euros), on peut atteindre des résultats époustouflants… à condition de ne pas trop bouger, et de maîtriser en même temps la mise au point. En somme, ce n’est pas une mince affaire ; mais à force d’essayer, on devient forcément de plus en plus pro. Surtout avec quelques conseils d’expert ! D’après Philippe Rouget, après avoir bien choisi son appareil, il faut toujours garder en tête quelques principes de base : penser au matériel additionnel (un oeilleton type Zacuto qui facilite la mise au point et des accessoires qui permettent de tourner à l’épaule, pour plus de stabilité) ; « travailler avec des réglages personnalisés sur les profils de couleurs de son appareil pour enlever du contraste et désaturer un peu l’image » ; faire très attention à ne pas laisser la poussière entrer dans l’appareil lorsqu’on change d’objectif ; et enfin, le plus important, « ne pas faire de mouvements brusques ».

Après, à vous le prochain chef-d’oeuvre du cinéma français ! Bon courage…